L’amylose cardiaque liée à la transthyrétine est une maladie progressive caractérisée par le dépôt de fibrilles de protéines amyloïdes dans le cœur. Les dépôts de fibrilles amyloïdes épaississent et rigidifient les parois cardiaques, et la maladie est également connue sous le nom de syndrome du cœur raide. L’accumulation de fibrilles amyloïdes provoque une insuffisance cardiaque et les patients souffrent de rétention d’eau, de fatigue et d’arythmie. La maladie peut être causée par des mutations génétiques ou liée au vieillissement. Le pronostic est sombre et les patients non traités ne survivent en moyenne que trois ans.
Aujourd’hui, les résultats d’une étude publiée dans le New England Journal of Medicine (NEJM) promettent de modifier radicalement les perspectives des patients atteints de cette maladie. L’étude a été menée par le Dr Pablo Garcia-Pavía, qui dirige la section des maladies cardiaques héréditaires à l’hôpital universitaire Puerta de Hierro et qui est chercheur au Centro Nacional de Investigaciones Cardiovasculares (CNIC) et au sein du réseau espagnol de recherche cardiovasculaire (CIBERCV).
Parallèlement à la publication de l’étude, le Dr Pablo Garcia-Pavía a présenté aujourd’hui les résultats du premier essai clinique réalisé avec un médicament éliminant l’amyloïde pour le traitement de l’amylose cardiaque.
Cette étude représente une avancée majeure dans le traitement de la maladie. Bien que les traitements actuellement disponibles empêchent efficacement l’accumulation de nouvelles fibrilles amyloïdes et retardent la progression de la maladie, ils n’éliminent pas directement les protéines amyloïdes déjà déposées dans le cœur.
Les options thérapeutiques actuelles comprennent un traitement stabilisant la transthyrétine et des mesures visant à contrôler les complications cardiovasculaires associées. La seule intervention actuellement capable de restaurer la fonction cardiaque dans cette maladie est la transplantation cardiaque.
Le seul médicament approuvé pour traiter l’amylose cardiaque liée à la transthyrétine est le tafamidis, un stabilisateur de la transthyrétine administré par voie orale. Le tafamidis améliore la survie et réduit le nombre d’hospitalisations, mais il n’inverse pas les symptômes déjà établis de la maladie.
Les premiers résultats de l’étude, coordonnée par le Dr García-Pavía et portant sur 40 patients en France, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Espagne, montrent que le nouveau médicament est sûr et semble réduire la quantité de protéines amyloïdes déposées dans le cœur.
Développé par la société suisse Neurimmune, le nouveau médicament est un anticorps qui se lie à la protéine amyloïde transthyrétine. L’anticorps a d’abord été isolé à partir de cellules B à mémoire obtenues chez des personnes âgées en bonne santé.
Dans l’étude, l’anticorps a été utilisé pour stimuler les propres systèmes de défense des patients, ce qui a entraîné l’élimination des fibrilles amyloïdes cardiaques. L’anticorps a été administré aux patients par voie intraveineuse à des doses mensuelles progressivement croissantes sur une période de 12 mois.
« Les patients ayant reçu des doses plus élevées d’anticorps semblaient présenter une plus grande réduction des dépôts amyloïdes dans le cœur et une plus grande amélioration de toute une série de paramètres cardiaques », a déclaré le Dr García-Pavía.
L’article du NEJM conclut que l’étude de preuve de concept de phase I démontre l’innocuité de ce traitement chez les patients et soutient la poursuite des essais cliniques de cet anticorps.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté(e) pour rédiger un commentaire.